Conduite forcée de La Praz

Que sont ces gros tuyaux imposants, rivetés à l’esthétique industrielle du début du xxe siècle que l’on peut apercevoir au bord de la nationale ?

Un peu d’histoire…

Il s’agit de la première conduite auto-portée au monde réalisée à « la Praz » en Maurienne par un ingénieur inventif, Paul Héroult. Au début du XXe siècle, celui-ci concentre ses efforts sur l’usine hydroélectrique de « la Praz », sur les rives de l’Arc. Celle-ci devait permettre de produire la « houille blanche », énergie obtenue à partir des chutes d’eau, nécessaire à l’usine de fabrication de l’alu toute proche. En effet, à cette époque, la demande en aluminium explose mais la production est très gourmande en énergie électrique. La chute d’eau utilisée par l’usine était de 35 mètres, mais on pouvait, selon Héroult, doubler cette capacité en fabriquant une conduite forcée en tôle d’acier de grand diamètre en forme d’arc surbaissé, sans appui, qui résisterait à la pression hydrostatique.Ce projet laisse les techniciens dubitatifs mais les essais sur une maquette sont concluants. On prédisait toutefois la catastrophe : pardi !
La tôle devait résister à la pression, aux coups de bélier, aux vibrations dues à la vitesse de passage de l’eau, laquelle atteignait 80 à 100 mètres/seconde, à l’oxydation. Le jour de la mise en charge, l’ingénieur, sûr de lui, aurait même fait monter ses jeunes enfants et sa mère sur la volumineuse conduite. Cette dernière se souleva un peu mais résista, inaugurant un système utilisé par la suite dans les installations hydrauliques de montagne. En 1983, l’usine de la Praz ferme ses portes mais il reste, avec cette magnifique conduite, le souvenir du site industriel.